La naissance de la Médecine Traditionnelle Chinoise
- De magie à « médecine savante »
- La naissance de la pharmacopée chinoise
- Du spiritualisme à la théorisation
- Ouvrages fondamentaux et l’influence des pensées philosophiques
- L’influence du confucianisme et du taoïsme
- L’essor de la MTC
- Médecine occidentale et médecine traditionnelle chinoise
- L’impact de la médecine conventionnelle sur la médecine traditionnelle en Chine
- À la conquête de l’Occident
De par son voyage à travers les siècles, cette pratique ancestrale a évolué, s’est perfectionnée et a considérablement marqué la culture de la Chine. Comment la Médecine Traditionnelle Chinoise est-elle devenue la pierre angulaire de la civilisation chinoise ?
De magie à « médecine savante »
La naissance de la pharmacopée chinoise
L’Histoire raconte que les premières traces de cette discipline sont apparues à l’ère primitive, lorsque les hommes ne se nourrissaient que de la cueillette. Il arrivait qu’ils tombent sur des plantes vénéneuses aux effets toxiques, déclenchant nausées, diarrhée, douleurs intestinales, parfois même la mort, ce qui les a rapidement contraints à les observer, à les cataloguer et à étudier leur usage.
C’est ainsi que vit le jour la science des plantes médicinales en Chine, aussi appelée la pharmacopée chinoise.
Du spiritualisme à la théorisation
Sous les premières dynasties chinoises prévalait l’idée que les ancêtres étaient à l’origine des maladies des hommes1. Détériorer la santé de leur descendance était supposément une façon pour ces derniers d’exprimer leur colère et leur mécontentement. Selon les chamans, (personnes qui dirigeaient les rituels, jouaient le rôle de médecins et qui avaient le don de communiquer avec les dieux), seules les offrandes de thés, d’aliments ou de tissus pouvaient calmer les aïeuls et par conséquent, les maux qui tourmentaient les hommes.
Largement associée à la spiritualité durant l’Antiquité, la pratique de la médecine traditionnelle chinoise a progressivement éveillé l’intérêt. C’est lors de la période des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants (770-221 av. notre ère) que son usage s’est développé avec l’apparition de premiers écrits, notamment ceux du physicien Bian Que (dont l’existence relève, selon certains, de la légende). Il est le premier à avoir développé la pratique du diagnostic, fondamentale en MTC2. C’est aussi à cette période de l’Histoire que furent théorisés les trois principes fondamentaux : le Qi, le Yin et le Yang et les Cinq Eléments.
Ouvrages fondamentaux et l’influence des pensées philosophiques
L’influence du confucianisme et du taoïsme
Très influencée par la philosophie traditionnelle, la MTC s’est développée en s’inspirant de deux courants de pensée très chers à la culture chinoise : le confucianisme et le taoïsme. En effet, ces deux piliers philosophiques sont en grande partie à l’origine des théories fondamentales de la MTC. Les savants se sont intéressés de plus en plus à cette discipline qui gagnait en cohérence et se perfectionnait. C’est ainsi que de nombreux ouvrages virent le jour.
On peut mentionner le Classique de médecine interne de l’Empereur Jaune (datant de 770-221 avant notre ère), un célèbre traité très complet sur le fondement et les grands concepts médicaux de la médecine traditionnelle chinoise. Le Traité de matière médicale de Shen Nong, autre ouvrage important, est l’un des plus vieux recueils sur les bases de la pharmacopée, rédigé selon la légende par l’empereur Yan (Shen Nong) et ses descendants environ 100 ans avant notre ère.
L’essor de la MTC
L’époque des dynasties Sui (589-618) et Tang (618-907) marque l’âge d’or de la civilisation chinoise. La stabilité économique et politique a grandement favorisé le développement du pays et c’est à cette même période que l’enseignement de la médecine devint officiel. Tandis que la médecine connaissait d’impressionnantes avancées, l’apparition de l’imprimerie permit une large diffusion des écrits médicaux dans les instituts et les académies, donnant lieu au partage du savoir3.
Médecine occidentale et médecine traditionnelle chinoise
L’impact de la médecine conventionnelle sur la médecine traditionnelle en Chine
En 1911, un mouvement révolutionnaire renverse la dynastie des Qing. La médecine occidentale fait son entrée en République de Chine, entrainant le déferlement de vives critiques envers la MTC. Puis en mars 1929, certains Chinois formés à la médecine conventionnelle demandent l’interdiction de la discipline ancestrale mais face au désaccord général, leur requête restera vaine. Pour marquer ce jour de rébellion, on fête le 11 octobre l'importance de la médecine traditionnelle en Chine.
Après l’avoir longuement rejetée, Mao Zedong finit par donner un nouvel élan à la MTC en la considérant partie intégrante du patrimoine chinois et lui rend son mérite en la qualifiant de « trésor national », en 1958. Il exprima, toutefois, sa volonté de la moderniser et de l’intégrer à la médecine occidentale. Par la suite, des mesures ont été prises par le gouvernement afin de développer la médecine chinoise. Des universités et des centres de formation publics furent créés, de même que des hôpitaux spécialisés en MTC.
En 2015, la chercheuse en pharmacie chinoise Youyou Tu s’est vu attribuer le prix Nobel de médecine, récompensée pour sa découverte de l'artémisinine, substance trouvée dans l’armoise et qui constitue un traitement au paludisme.
Pendant l’épidémie du Covid-19, les patients atteint du virus en Chine se sont vu administrer en complément du traitement anti viral, des plantes médicinales, qui pourrait selon les chercheurs chinois offrir une meilleure protection contre la contamination. En effet, des plantes telles que l’astragale, l’atractylode, le chèvrefeuille du Japon et le forthysia présentent une action qui renforce le système immunitaire et qui aide à combattre les agents pathogènes.
À la conquête de l’Occident
Du côté occidental, la MTC fut découverte pour la première fois au XVIème siècle par l’intermédiaire des missionnaires jésuites4. Au fur et à mesure, des ouvrages ont voyagé et ont permis l’introduction de cette discipline à certains curieux. Au XIXème siècle, la pratique de l’acupuncture intéresse et croît, mais en vérité, cette méthode de soins est peu comprise puisque les Occidentaux la dissocient à tort de la médecine chinoise et des fondements traditionnels.
A la fin des années 70, la Chine s’ouvre davantage au monde occidental. Les échanges universitaires et commerciaux rendent possible l’accès à la pharmacopée et permettent le développement d’un savoir et d’une pratique plus authentique. Malgré un scepticisme certain, la médecine chinoise est parvenue progressivement à se frayer un chemin jusqu’en Occident où sa justesse et l’efficacité de ses traitements éveillent de plus en plus l'intérêt.